• Le 24 décembre 1662, Pierre JOVENEAU et Marguerite DE NEDONCHEL font établir leur contrat de mariage * par Jacques MONNART, notaire royal qui, bien que résidant à Orchies, s’est déplacé à Bouvignies. Il ne faut pas y voir nécessairement une faveur à l'égard des contractants car, s'il est vrai que les notaires se rendaient au domicile des clients d'un certain rang, ils fréquentaient aussi les auberges de campagne pour y établir toute sorte d'écrits : contrats commerciaux, transactions, accords, témoignages, dépôts de plaintes,... Quoi qu'il en soit, le début de l’acte n’appelle aucune remarque particulière : le contractant est accompagné de Jean, son père, de Jerôme JOVENEAU, son frère, et de Jacques WIBAULT, mari de Marie JOVENEAU, son beau-frère, tous demeurant à Maulde sur Escaut. Il apporte 300 florins, le quart d’une maison à Maulde et des terres évaluées à 400 florins. Seule sa marque attire l’attention : c’est celle d’un meunier reconnaissable aux deux meules surmontées d’une aile de moulin.

    051. Une bâtarde assumée

    Archives départementales du Nord - Tabellion de Douai 701 

    La suite est peu banale. La future est franche fille et habite à Ledin (Lesdain, près de Tournai). Elle est accompagnée de Jean NARRE (NARET selon la signature), bailli de Bouvignies, son ami. Les promis n’habitent ni l’un, ni l’autre à Bouvignies mais on comprend qu’ils viendront s’y installer puisque la mère de Marguerite y vivait. Cependant tout dans la rédaction des passages la concernant intrigue.

    Bien qu’elle porte le patronyme de NEDONCHEL, comme le seigneur du lieu, Marguerite est une manante. Son père n’est pas nommé, sa mère n’est mentionnée incidemment que pour justifier un apport et elle est officiellement assistée du bailli du lieu, présenté comme un ami mais qui était surtout un homme de confiance de Denis George de NEDONCHEL, le défunt baron décédé l'année précédente, et de son fils André Jean Baptiste DE NEDONCHEL, chevalier, baron de Bouvignies qui lui donne souvent procuration pour régler ses affaires. Ceux qui l’accompagnent réellement sont précisément le nouveau baron et sa mère, Bonne Victoire DE LANNOY, puisqu’ils sont les premiers à signer le contrat. Il semble donc qu’elle ne porte ce nom qu’avec l’accord, au moins tacite du seigneur et de sa famille mais qu’on ait voulu éviter de préciser sa filiation.

    La déclaration des biens de Marguerite est carrément déconcertante.

    Elle apporte 300 florins, somme très importante à l’époque, que les nouveaux mariés devront reverser à ladite baronne et à son fils,  pour pot de vin** du bail d’un moulin, d’une maison et d’un demi-bonnier de terre mais curieusement ladite DE LANNOY en fait immédiatement donation à ladite Marguerite sous forme d'une réduction de loyers, à raison de 50 florins par an pendant 6 ans. Ce tour de passe-passe ne peut se justifier que s'il existe un lien particulier entre la baronne et Marguerite. Quant au bailli, censé assister Marguerite, il n'intervient même pas… Il semble donc que Jean NARRE joue les hommes de paille, chargé de faire cadeau du pot de vin pour garantir juridiquement le droit au bail.

    Marguerite apporte aussi « la chaudiere et autres ustensils qui ont servi a la brasserie de Jenne LOUVE (ou LOUVET ?), sa mère demeurant à Bouvignies, qui ont esté évaluees a 100 florins ».

    En outre, feue madame d’Esplechin lui a légué 100 livres "d'une coroy ou cinture d'argent". Le portement total est évalué à 900 florins. Il est tout à fait inhabituel qu’une villageoise possède une ceinture d’argent : c’est un bijou de valeur mentionné comme tel dans un contrat de mariage.

     

    La donatrice reste mystérieuse. Bonne Victoire DE LANNOY est issue de la famille des seigneurs de Lesdain : elle est fille d'André, chevalier, seigneur d'Esplechin, d'Anglebert, de Lesdain, et de Marie DU CHASTEL DE LA HOWARDERIE. La dame d'Esplechin en question ne peut pas être Bonne Victoire DE LANNOY, encore vivante, ni sa mère, décédée le 14 novembre 1669 au château d'Esplechin, à l’âge de 88 ans, soit 7 ans après le mariage en question. Il ne s'agit pas non plus de la grand-mère, Michelle COTTREL, dame d'Esplechin, femme de Nicolas DE LANNOY et mère d'André DE LANNOY, décédée le 8 septembre 1612.

    Ce legs, qui semble incongru et disproportionné, ne soulève aucune objection de la part de la mère du baron. Il amène cependant à s’interroger sur le lieu de résidence de Marguerite jusqu’à son mariage. Alors que sa mère habitait Bouvignies, elle demeurait précisément à Lesdain, près de Maulde et de HOWARDRIES, en Belgique, fief de la famille DE LANNOY. Chez qui résidait-elle ? Peut-être dans une propriété de la famille DE LANNOY ? On ne peut écarter l’hypothèse que Marguerite de NEDONCHEL ait été au service à Lesdain de « feue Madame d'Esplechin » qui en aurait été tellement satisfaite qu’elle l’aurait couchée sur son testament. Quoi qu’il en soit, ce legs atteste d’un lien étroit entre Marguerite et la famille de la baronne.

    Ce lien nous apparaît d’autant plus étroit que, loin de se distendre, il se renforce avec les deux premiers enfants de Pierre JOVENEAU et de Marguerite qui naissent à Bouvignies. Ainsi Jean Baptiste, baptisé le 12 novembre 1663 a pour parrain et marraine André Jean Baptiste de NEDONCHEL, le baron lui-même, et une de ses sœurs tandis qu’Antoine François, baptisé en novembre 1665 a pour parrain et marraine Antoine de NEDONCHEL et Bonne de LANNOY, elle-même. Le jeune couple quitte ensuite le village mais le nouveau meunier n’est autre que Jérôme JOVENEAU qui était présent lors du contrat de mariage de son frère Pierre en 1662.

     

    Dans « Les derniers bûchers », Robert MUCHEMBLED avait bien remarqué la situation financière de Jérôme JOVENEAU : "la fortune plus assurée mais évidemment moins terrienne et moins clairement établie du meunier Jérôme JOSVENEAU" sans pouvoir se l’expliquer pas plus que son influence ni son comportement.

    Jérôme et Denis VENDEVILLE, son valet, se sont permis le 08 décembre 1673 de faire irruption dans le cabaret du mayeur "Alors que seul le baron peut interdire l'accès du moulin, le meunier exigeait que Dubois n'y aille plus." Les deux hommes saccagent la taverne du mayeur. Gilles FAUVEAU, autre tavernier, tente de les apaiser mais le meunier le menace de son fusil et il doit s'enfuir par la fenêtre.

    Le 13 juin 1679, Rictrude COUSIN, femme d'Armand BROUTIN, poursuit en justice ledit Denis VANDEVILLE déjà valet du meunier, qui l'a "voulue induire à fornication" le 7 du même mois comme il l'avait déjà fait, dix ans auparavant, alors qu'elle était à marier. Un mois plus tôt, les deux compères, qui semblent sûrs de leur impunité, sont en première ligne lors de l’incident à l’origine de l’affaire de sorcellerie qui conduira quatre femmes au bûcher. La scène se passe chez ledit Gilles FAUVEAU. Denis VENDEVILLE entend quatre soldats exiger 8 patagons (écus) de Péronne GOGUILLON. Jérôme JOSVENEAU lui prête de l'argent, à condition qu'elle lui laisse une vache en gage jusqu'au dimanche suivant, mais la vache s'échappe. Deux des soldats et deux des paysans du lieu vont prendre deux vaches dans l'étable d'Andrieu DUFOSSET, époux de Péronne, et les amènent au meunier.

    Tout cela fait quand même beaucoup de désordre du côté du moulin. Pourtant les relations privilégiées entre Pierre JOVENEAU et Marguerite de NEDONCHEL avec le baron, homme autoritaire, s’étendent à son frère Jérôme pour qui il avait de l’indulgence et même à son valet.

    Ces excellentes relations se prolongeront à la génération suivante. Jean Baptiste JOVENEAU, né en 1663, a épousé Anne BACUS et est revenu à Bouvignies. Leurs premier et troisième enfants Jean Baptiste et Marie Andrée, baptisés respectivement les 09 janvier 1685 et 10 mai 1689 ont pour parrains et marraines André Jean Baptiste de NEDONCHEL, baron de Bouvignies, et Marie Alexandrine de NEDONCHEL, Jean NARET (NARRE) licencié en droit, au nom de M. de Bouvignies, et Marie Charlotte de NEDONCHEL. Tout ceci porte à croire que Marguerite était bien une fille naturelle de Denis Georges de NEDONCHEL, baron de Bouvignies.

     

    Marguerite n’échappe pas à la règle qui veut que c’est souvent en redescendant d’une ou deux générations qu’on parvient à confirmer une filiation. Le 27 février 1688, Antoine François JOUVENEAU et Marie Brigitte DENIS passent devant notaire pour leur contrat de mariage. Il est accompagné de ses parents : Pierre JOUVENEAU, fils de feu Jean, mosnier et mayeur de Paluez en Arleux, et de Marguerite NEDONCHEL, fille de feu Denis Georges (Tabellion de Douai Liasse 207 aux AD59). Or, des Denis Georges DE NEDONCHEL, il ne devait pas en avoir beaucoup à la même époque. 

    À ce stade de l’enquête, on peut s’interroger sur l’attitude de Bonne Victoire DE LANNOY. Elle était probablement l’épouse du baron de NEDONCHEL depuis le 15 juin 1637 quand Marguerite est née. On peut aussi se demander pourquoi la famille du baron, qui entretenait des relations familiales avec Marguerite et ses enfants et qui étendait sa protection aux proches de son époux, avait usé d’artifices pour l’avantager mais sans jamais reconnaître officiellement sa filiation. La réponse tient sans doute dans le souci de réserver l’héritage du défunt baron aux seuls héritiers légitimes

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    * Ce contrat est visible sur le site du CEGD.

    http://www.lecegd.fr/contrats/JOVENEAU-DENEDONCHEL%20du%2024-12-1662.pdf

     ** Pratique parfaitement officielle autrefois qui servait à sceller un accord.

    Cet article emprunte largement aux réponses parues dans Douaisis-Généalogie n° 44, réponse R02-194 - JOVENEAU-BACUS par Serge DORMARD et son complément dans le n° 45 réponse R03-14 par Serge DORMARD et Roselyne DECRETON. 

    Voir aussi "Les derniers bûchers" de Robert MUCHEMBLED. 


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  • La lecture attentive et intégrale des actes d’état civil révèle parfois quelques bizarreries, suscitant bien des interrogations si bien que certaines situations, banales en apparence, laissent alors perplexe…

     

    Quand Joseph CARPENTIER décède le 18 octobre 1892 à Pecquencourt (Nord), il était « âgé de soixante six ans trois mois pontier né à Vred, domicilié à Pecquencourt, fils des défunts Jean Baptiste Louis Carpentier et Marie Sophie Joseph Décarpentrie, veuf en premières noces de Catherine Joseph Collin, époux de Eulalie Marie Joseph Goube ».

    Joseph était donc né vers le mois de juillet 1826. Mais à Vred on ne trouve qu’un acte de naissance au nom de Joseph… « DÉCARPENTRIE » !

    Né de père inconnu

    Donc le dimanche 9 juillet 1826, Nathalie BECQUET, accoucheuse, déclarait à l’officier de l’état-civil que « Marie Sophie Joseph Décarpentrie, âgée de vingt six ans, fileuse, domiciliée en cette commune, est accouchée hier à sept heures du soir, en son domicile, d’un enfant du sexe masculin, qu’elle nous présente et auquel elle donne le prénom de Joseph ». Une mention marginale complète cet acte : « Joseph Décarpentrie, que concerne l’acte ci-contre a été légitimé par l’acte de mariage entre Jean Baptiste Louis Carpentier et Marie Sophie Joseph Décarpentrie en date du cinq août mil huit cent quarante n° 47 de l’acte ce 21 février 1845 ».

    Le renvoi laisse entendre que le mariage a eu lieu à Vred. Un signet particulièrement jauni marque la page du registre : « mariage n° 47 CARPENTIER-DECARPENTRIE ». Marie Sophie est célibataire mais l’acte est muet pour Jean Baptiste Louis, ils sont âgés respectivement de quarante et un et soixante ans, tous deux nés et domiciliés à Vred. Leurs parents et presque tous leurs grands-parents y sont décédés, les dates et lieux sont précisés. La légitimation de Joseph clôt effectivement l’acte. Benoît CARPENTIER, quarante-deux ans, joueur de violon, frère de l’époux, et Nicolas DÉCARPENTRIE, trente-trois ans, journalier, frère de l’épouse, sont témoins.

    Qu’un brave vieux garçon, épouse une fille-mère dont il reconnaît le fils déjà adolescent est déjà peu banal mais on peut aussi se demander pourquoi le mariage est si tardif. Rien, apparemment, ne le justifie. L’un et l’autre appartiennent à des familles implantées de longue date dans ce petit village. Ils se sont forcément toujours connus. Une opposition familiale semble peu crédible puisque leurs parents et grands-parents sont décédés depuis bien longtemps et que leurs frères respectifs assistent au mariage.

    Une anomalie saute aux yeux : la mairie a attendu plus de quatre ans avant d’inscrire la légitimation en marge de l’acte de naissance. Oubli réparé lors du recensement des jeunes gens en vue de la conscription sans doute… Joseph passera d’ailleurs devant le conseil de révision en mars 1847.

    Le prénom surprend. Si la grande majorité des garçons et de nombreuses filles portent le prénom de Joseph, c’est toujours en dernier mais jamais comme prénom unique ni même en premier lieu.

    Joseph à travers l’état civil

    Le ratissage des registres de Vred a permis de retracer non seulement les grandes étapes de la vie civile de Joseph mais aussi d’apprécier ses relations avec la famille CARPENTIER à travers les actes qui le concernent personnellement mais aussi ceux où il apparaît.

    Il était veuf de Catherine Joseph COLLIN lorsqu’il s’est remarié le 19 décembre 1868 à la mairie de Vred avec Eulalie Marie Joseph GOUBE, jeune veuve chargée de deux enfants. Sa mère était déjà décédée, cependant Jean Baptiste Louis CARPENTIER, quatre-vingt-huit ans, était présent ainsi que Louis CARPENTIER, son oncle paternel âgé de soixante-dix-sept ans.

    Marie Sophie Joseph DESCARPENTRIE était décédée le 3 mars 1858 à Vred, à l’âge de cinquante-huit ans. Les déclarants étaient Jean Baptiste Louis CARPENTIER, soixante-dix-huit ans, pontonnier, son époux et Joseph CARPENTIER, trente-deux ans, journalier, son fils, tous deux domiciliés à Vred. Rien de particulier donc.

    Le 28 avril 1857, lors du premier mariage de Joseph CARPENTIER et de Catherine COLLIN à la mairie de Vred, Marie Sophie Joseph DÉCARPENTRIE, consentante, ne pouvait pas « se trouver à cette célébration pour cause d’infirmité » mais Jean Baptiste Louis CARPENTIER, soixante-dix-sept ans, était présent. Parmi les témoins, on note avec surprise : « Jean Baptiste Joseph Carpentier, âgé de cinquante quatre ans, garçon meunier, frère de l’époux… domicilié à Vred ». Sauf erreur, Jean Baptiste Louis CARPENTIER aurait donc eu un autre fils, né vers 1803 ! Deux enfants naturels légitimés ? Bizarre…

    Le jeune couple a eu rapidement un fils, François Joseph, dont le décès sera déclaré le 6 septembre 1858 par Joseph son père, accompagné de Jean Baptiste Louis son grand-père. Le premier juillet 1865, tous deux déclareront encore le décès d’un second enfant, Sophie Joseph, âgée de quatre ans.

    Il résulte de ces actes que si Jean Baptiste Louis n’est pas le père biologique de Joseph, du moins se comporte-t-il en parfait père adoptif et réciproquement puisque, le vingt-huit janvier 1870, c’est Joseph qui déclarera le décès de son père. Resté alerte jusqu’à son dernier jour, il est décédé subitement : « hier vers huit heures du soir, Jean Baptiste Louis Carpentier, âgé de quatre vingt neuf ans, ancien militaire pensionné, né et domicilié à Vred, fils […] veuf de Marie Sophie Joseph Déscarpentrie, est décédé près de sa demeure ».

    Au vu de tous ces actes, la situation apparaît parfaitement normale. Tout montre que Joseph était bien intégré à la famille CARPENTIER et qu’un réel attachement a existé entre « père » et « fils ». Cependant un autre fils intrigue et un passage ravive des souvenirs familiaux.

    L’acte de décès de Jean Baptiste Louis rappelle qu’il a eu un passé militaire. Ses descendants affirmaient effectivement qu’il avait pu devenir pontonnier grâce à ses états de services mais surtout, ils ne manquaient jamais une occasion de souligner, plus ou moins à propos, qu’un militaire désireux de se marier pouvait rencontrer de sérieuses difficultés… On commence à deviner le pourquoi de ce leitmotiv

    053. Faire parler les actes : CARPENTIER ou DÉCARPENTRIES ?

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    Le pontier ou pontonnier de Vred à la manœuvre.

    De plus, le ratissage montre un autre CARPENTIER, presque homonyme et contemporain de Jean Baptiste Louis mais marié et père de famille. À tirer au clair…

    Fructueuses recherches…

    Elles portent évidemment sur le garçon meunier et sur l’autre Jean Baptiste Louis.

    Le suivi de ce dernier qui a épousé Rosalie DUFLOT le 25 frimaire an XI (16 décembre 1802) et qui apparaît par intermittence dans les registres, dégage des éléments troublants. Il a le même âge que le mari de Marie Sophie Joseph DESCARPENTRIES et il est lui-aussi fils de… Pierre et Euphroisine MARTEAU !!

    Six mois et demi plus tard, le 12 messidor an XI (30 juin 1803), les jeunes époux ont un premier enfant, Jean Baptiste François Joseph, né à Vred. Ce dernier a donc lui-aussi exactement le même âge que… Jean Baptiste Joseph CARPENTIER, le garçon meunier, alors âgé de cinquante quatre ans, déjà rencontré le 28 avril 1857 lors du mariage de son « frère » Joseph CARPENTIER avec Catherine COLLIN. Il épousera en premières noces Marie Rose THUILLIEZ le 3 mai 1830 à Vred. Veuf, il se remariera le 12 février 1873, toujours à Vred, avec Sophie Joseph LEBLANC en présence de ses cousins Michel et Henri CARPENTIER et en premier lieu de son « frère » Joseph CARPENTIER, âgé de quarante-sept ans, donc né… vers 1826, pontonnier, tous domiciliés à Vred !

    Deux filles suivront. L’aînée, Rosalie Euphroisine Joséphine, née en 1811, mourra en 1832 et on perd la trace de la petite dernière, née en 1814. Et bien que Rosalie fût encore jeune, elle n’aura plus d’enfant et elle décèdera le 17 mai 1826 à Vred.

    Dans sa jeunesse, l’époux de Rosalie DUFLOT ne savait pas signer, il a commencé à écrire son nom tardivement. On trouve sa signature aux décès de sa femme le 17 mai 1826, de sa mère le premier janvier 1827 (je carpentier) et de sa fille Rosalie Euphroisine Joseph en 1832. Connaissant cette signature, il a été possible d’attester de sa présence, et par conséquent de son lien de parenté, au mariage de sa sœur Ambroisine Joseph avec Pierre François Joseph DUBRULLE le 2 mars 1813 puis à celui de son frère Louis Joseph avec Victoire MOREAU le 12 juin 1816 et enfin, il est témoin mais sans signer le 19 octobre 1813 au mariage de son frère Henry Benoît avec Albertine LEROY. Il est alors âgé de trente-trois ans, ex soldat, précision inhabituelle laissant penser qu’il s’était engagé d’autant plus que de 1803 à 1811, on ne trouve aucune naissance à son foyer.

    Mêmes parents, même âge et - sans être graphologue, cela saute aux yeux - même signature. Un passé militaire, les mariages qui se succèdent et deux individus mais un seul décès, tous ces éléments qui s’emboîtent parfaitement décrivent une situation courante à un détail près.

    Le mariage de Jean Baptiste Louis avec Marie Sophie Joseph passe son veuvage sous silence. Un autre « oubli » ? Ne faut-il pas y voir plutôt un geste délibéré pour permettre la légitimation d’un enfant adultérin conçu du vivant de l’épouse ? La famille du maire étant elle aussi compliquée et ses liens avec les CARPENTIER avérés, sa complaisance ne peut être exclue.

    On ne peut écarter non plus que deux frères aient des prénoms et des âges voisins. On a vu des officiers d’état civil se tromper d’acte de naissance pour publier les bans et préparer l’acte de mariage sans que l’intéressé et l’assistance exigent une rectification.

    Joseph à travers les actes paroissiaux

    Pour en avoir le cœur net, la consultation de quelques actes paroissiaux aux fins de vérification et de comparaison s’avère indispensable.

    L’acte du mariage religieux de Joseph CARPENTIER et de Catherine COLLIN confirme que l’époux a bien un frère prénommé Jean Baptiste CARPENTIER. Celui de Jean Baptiste Louis CARPENTIER et de Marie Sophie Joseph DÉCARPENTRIE n’a eu lieu que quatre mois et demi après le mariage civil, ce qui est inhabituel. Contrairement au maire, le curé n’avait aucune raison de taire un détail gênant : « L’an mil huit cent quarante, le vingt-six novembre … la publication des bans faite les quinze et vingt-deux de ce mois avec dispense obtenue d’un ban … Jean Baptiste CARPENTIER, soixante ans, veuf de Rosalie DUFLOS, de cette paroisse, et Sophie DÉCARPENTRIE, trente-neuf ans, fille majeure … ».

    Le maire a donc délibérément établi un « faux » pour permettre la reconnaissance par ruse de Joseph ! L’affaire a cependant dû faire quelque bruit puisqu’il ne l’a apposée en marge de l’acte de naissance que lorsqu’elle est devenue inévitable et qu’un signet marquait la page. Comment, après cela, mettre encore en doute la paternité de Jean Baptiste Louis ?

    L’acte de baptême de Joseph n’est pas moins intéressant : « L’an mil huit cent vingt-six, le dix juillet après nous être assuré que la déclaration de naissance, voulue par la loi, a été faite, a été baptisé par nous, soussigné, joseph Descarpentries né l’avant veille, à sept heures du soir, fils illégitime de sophie Descarpentries, non mariée de cette paroisse ; le parain joseph adolphe Dubrulle ; la maraine euphroisine Carpentier, tous deux de cette paroisse, lesquels ont dit ne savoir écrire Desmarets curé de Vred ».

    Il ne fallait pas espérer trouver le nom du père dans cet acte puisque depuis la Révolution, les prêtres s’étaient vus retirer la tenue de l’état-civil au profit des officiers municipaux. Malgré sa pauvreté apparente, le document renforce les intuitions. La marraine est une CARPENTIER – ce qui prouve que les CARPENTIER et les DÉCARPENTRIES se connaissaient fort bien – et elle est prénommée Euphroisine comme la très officielle grand-mère paternelle du baptisé. Ce détail, en suggérant un lien entre les deux femmes, constitue si besoin est un indice supplémentaire en faveur de la paternité de Jean Baptiste Louis.

    Il faut revenir sur le « choix » du prénom de l’enfant. « Imposer » un prénom peut être lourd de sens : affirmer le lignage, prédestiner, laisser filtrer un secret... Marie Sophie n’a fourni aucun indice susceptible de trahir le père, elle n’a pas non plus adopté le prénom le plus caractéristique du parrain. Tout s’est passé comme si elle ne pouvait relier cet enfant à personne et qu’il devait rester le plus anonyme possible. Il s’agissait peut-être d’une forme de déni de grossesse.

    Mais les presbytères recèlent parfois de précieuses sources inattendues. Au tout début du XXe siècle, l’abbé NOISETTE avait entrepris de dresser la généalogie de ses paroissiens d’après les registres de catholicité et la connaissance qu’il avait de ses paroissiens. Il attribuait cinq enfants à Jean Baptiste Louis CARPENTIER et Rosalie DUFLOT. Il semble qu’il ait dédoublé d’une part, Jean Baptiste François Joseph en Jean Baptiste Joseph né en 1802 et en François Joseph né en 1803 et d’autre part, Rosalie Euphroisine Joséphine en Euphrosyne née en 1810 et Rosalie née en 1811.

    À ces détails près, ces travaux coïncident parfaitement avec l’état civil et présentent en outre l’avantage d’utiliser les prénoms usuels. Ainsi, ils confirment qu’effectivement, la marraine de Joseph est couramment prénommée Euphrosyne. Ils permettent aussi de démêler rapidement les filiations et les alliances. Nous constatons donc qu’Antoine CARPENTIER, grand-oncle de Jean Baptiste Louis CARPENTIER et Marie Élisabeth DUPUIS, cousine utérine d’une bisaïeule de Marie Sophie Joseph DÉCARPENTRIES s’étaient déjà alliés en 1751. Cette union qui préfigure déjà celle de 1840 prouve que les deux familles se fréquentaient de longue date.

    L’affaire se corse

    Elle semblait classée mais… une vérification pour d’autres raisons dans les registres de l’état civil a prouvé qu’il aurait fallu s’intéresser non seulement aux CARPENTIER mais aussi aux DÉCARPENTRIES.

    C’est avec stupeur qu’on découvre une lacune de l’abbé NOISETTE. Le 23 mai 1824, acte n° 53, Anastasie BECQUET était déjà venue déclarer « que Sophie Joseph DÉCARPENTRIE âgée de vingt-cinq ans profession de fileuse de lin demeurant à Vred fille de défunt François et de Constance Joseph LEGRAND est accouchée hier à midi au domicile de Jean Baptiste CARPENTIER de cette commune d’un enfant du sexe féminin qu’elle nous présente et auquel elle donne le prénom d’Euphroisine Joseph le tout en présence de Jean Baptiste CARPENTIER âgé de quarante trois ans profession de journalier demeurant à Vred … les témoins ont signé avec nous … ». Dans la table annuelle en fin de registre, le rédacteur a pris sur lui de noter : « n° 53 CARPENTIER Euphroisine » sans toutefois préciser ni le prénom du père ni même le nom de la mère. La table décennale reprend : « CARPENTIER Euphrosine  22 mai 1824 ».

    L’enfant ne vivra pas. Le 8 juin 1824, à la mairie, « sont comparus Jean Baptiste (Louis) CARPENTIER âgé de quarante trois ans journalier demeurant à Vred voisin de la défunte … lesquels nous ont déclaré que Euphroisine Joseph DÉCARPENTRIE âgée de seize jours domiciliée en cette commune fille naturelle de Sophie Joseph DÉCARPENTRIE est décédée en son domicile hier à six heures du soir… les comparants ont signé avec nous… »

    Il s’agit indubitablement des futurs mariés de 1840 : Marie Sophie Joseph DÉCARPENTRIE et Jean Baptiste Louis CARPENTIER qui, depuis son mariage avec Rosalie DUFLOT, avait appris à écrire au moins son nom. On aurait dû se douter qu’ils étaient voisins… L’acte décrit une atmosphère radicalement différente de celle qui transparaîtra deux ans plus tard lors de la naissance de Joseph. L’événement est heureux, l’ambiance familiale. L’accouchée est prise ouvertement en charge par Jean Baptiste Louis qui l’accueille et donne à l’enfant, une CARPENTIER, le prénom d’Euphroisine qui est celui de sa propre fille et de sa propre mère qui vit encore puisqu’elle décèdera le 29 décembre 1826 à Vred. Mais qui est le père ?

    Retour au presbytère de Vred… L’acte de baptême complète à merveille l’acte de naissance : « L’an dix-huit cent vingt quatre, le vingt deux Mai après nous être assuré que la déclaration de naissance, voulue par la loi, a été faite, a été baptisé par nous, soussigné, euphroisine joseph Descarpentries née en ce jour, à Midi, fille de sophie joseph Descarpentries, non mariée de cette paroisse, le parain nicolas joseph Descarpentries, oncle maternel de l’enfant, la maraine euphroisine joseph Carpentier, tante paternelle de l’enfant, tous deux de cette paroisse ; lesquels ont dit ne savoir écrire Desmarets curé de Vred ». Remarquons que le curé aurait baptisé l’enfant le jour de sa naissance, mais la veille de la déclaration en mairie…

    L’acte de sépulture religieuse, daté du huit juin, confirme que l’enfant est décédée la veille à six heures et demie du soir mais n’apporte rien de plus.

    L’enfant est donc notoirement fille de Jean Baptiste François Joseph CARPENTIER, unique fils de Jean Baptiste Louis et de Rosalie DUFLOT. Comme elle a été bien accueillie malgré l’absence de son père, on se demande pourquoi les deux jeunes gens, libres tous deux, bénéficiant visiblement de l’accord de leurs familles, ne s’étaient pas mariés.

    La clef de l’affaire 

    C’est le registre de conscription de l’année 1823 qui fournit enfin la clé de l’histoire (1R723 canton de Douai n° 464 aux AD59).

    Jean Baptiste François Joseph CARPENTIER avait vingt ans. Le registre de recensement en donne un portrait sommaire : « cheveux châtains blonds, sourcils châtains, yeux bleus, front (-), nez petit, bouche moyenne, menton rond, visage plein, teint pâle, marque particulière : cicatrice entre les deux yeux, taille : 1 m 685 ». Au tirage au sort, il avait eu la chance de tomber sur un bon numéro. Simple journalier, il avait préféré monnayer cette aubaine. Le 11 décembre 1823, il remplaça donc Ferdinand François PINQUART, fils d’un cultivateur de Roost Warendin. Il fut incorporé le 19 janvier 1824 pour 7 à 8 longues années.

    Vers la fin de cet été 1823, il avait eu une liaison avec sa voisine Marie Sophie Joseph DÉCARPENTRIE, pauvre orpheline âgée de vingt-quatre ans, il la laissait enceinte de ses œuvres. La famille CARPENTIER s’en cachait si peu que Jean Baptiste Louis CARPENTIER, le futur grand-père, assuma ouvertement cette situation. C’est donc chez lui que Marie Sophie accoucha mais, le père de l’enfant étant absent, on ne put enregistrer la nouvelle-née que sous le nom de sa mère. Jean Baptiste François CARPENTIER avait peut-être envisagé de régulariser la situation dès son retour, comme cela se pratiquait d’ordinaire. Quoi qu’il en soit tout le monde pensait qu’il épouserait Marie Sophie et reconnaîtrait son enfant, comme le suggèrent les tables annuelles et décennales. La mairie de Vred avait d’ailleurs anticipé. On fit immédiatement baptiser l’enfant qui reçut un prénom de famille : Euphroisine comme sa tante paternelle et marraine et comme la mère de son grand-père paternel, laquelle vivait encore. Mais vingt jours plus tard, le grand-père, encore lui, déclara le décès de l’enfant.

    Il faut maintenant admettre que suite à ces événements, Jean Baptiste Louis CARPENTIER, un homme de belle taille, 1 mètre 733 et dans la force de l’âge, s’était senti de plus en plus attiré par Marie Sophie, toujours célibataire, si bien que le 8 juillet 1826, elle eut un fils. L’affaire a dû faire jaser : Jean Baptiste Louis CARPENTIER, veuf depuis quelques semaines, n’apparaît pas. On n’avait même pas envisagé de prénom, on se contenta d’appeler l’enfant Joseph et on ne le fit baptiser qu’au bout de deux jours, ce qui est un peu tardif. Il est manifeste que cette seconde naissance a été malvenue mais pas reniée puisque Euphroisine CARPENTIER qui avait été marraine de sa nièce l’a été aussi de Joseph, son frère consanguin.

    053. Faire parler les actes : CARPENTIER ou DÉCARPENTRIES ?

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    Durant toute cette période, Rosalie DUFLOT, la grand-mère paternelle, apparaissait bien en retrait. Problèmes conjugaux ou de santé, elle n’avait plus eu d’enfant depuis douze ans. Elle décédera à l’âge de quarante-quatre ans seulement le 16 mai 1826 à Vred.

    On imagine que les relations entre le père et son fils aîné en furent quelque peu altérées. Jean Baptiste Louis semble avoir reporté son affection sur Joseph, l’enfant adultérin qu’il voulait reconnaître bien que cela lui était légalement impossible. Obstiné, il parvint à résoudre son problème grâce à un subterfuge qui n’en constituait pas moins un faux et usage de faux en écriture publique. Le maire pourtant compréhensif hésitait à reporter la reconnaissance en marge de l’acte de naissance de Joseph. Mais la conscription approchait et il fallait bien trancher. De guerre lasse, il s’y résigna. Le curé, moins complaisant, avait fini par consentir au mariage religieux qui fut enfin célébré le 26 novembre 1840… sans entorse à la réalité.

    Épilogue

    Entre-temps, le tumulte s’était apaisé, la vie avait peu à peu repris son cours. Jean Baptiste François CARPENTIER, libéré des obligations militaires, était revenu au village. En 1830, il y épousait Marie Rose THUILLIEZ. Son père, bien que présent et consentant, n’a cependant pas signé l’acte de mariage. Euphroisine CARPENTIER mourut en 1832, âgée seulement de vingt et un ans. Jean Baptiste Louis, son père, et Jean Baptiste François, son frère, réunis, déclarèrent son décès. Les relations se sont ensuite normalisées comme le montre les mariages des deux frères.

    Au terme de cette enquête, tout est bien qui finit bien et il paraît raisonnable d’affirmer que Joseph est réellement fils de Jean Baptiste Louis et que ce dernier nourrissait une affinité particulière pour ce fils pourtant né fâcheusement.

    Il reste pourtant une question posée dès le début des recherches et restée sans réponse. Que s’est-il passé entre 1826 et 1840 ? Si les recensements avaient été conservés, on saurait si Jean Baptiste Louis et Marie Sophie Joseph avaient ou non vécu en concubinage et on comprendrait peut-être pourquoi aucune naissance n’a été trouvée après celle de Joseph.

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Affaire brièvement évoquée dans le numéro 38 de « Douaisis-Généaloqie », revue du CEGD sous le titre : « Pères inconnus, enfants reconnus, enfants illégitimes ».

    Elle a ensuite été développée dans les numéros 34 et 35 de « Accord parfait », revue de l’association « ARPÈGE » sous le titre : « Faire parler les actes paroissiaux et d’état-civil ou Joseph DÉCARPENTRIES, légitimé tardivement, est-il bien fils de Jean-Baptiste CARPENTIER ? ».


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  • 001. Le déclic...

    002. Noël... moment privilégié pour commencer SA généalogie

    003. Après les interviews... Au travail !

    004. Immatriculer ses ancêtres : généalogie ascendante

    005. Belles et grandes familles : numérotation en généalogie descendante

    006. Signes conventionnels et abréviations courantes

    007. L'équipement idéal du généalogiste

    008. Les logiciels de généalogie

    009. AD en ligne, LA solution ?

    010. Les Mormons

    011. À chaque siècle, ses particularités : XXe et XIXe s.

    012. Mieux connaître ses aïeux vivant aux XXe et XIXe siècles. Bref aperçu des sources à exploiter

    013. À chaque siècle, ses particularités : la Révolution et ses bouleversements

    014. À chaque siècle, ses particularités : XVIIIe s.

    015. Lacunes dans les BMS 1694-1737

    016. À chaque siècle, ses particularités : XVIIe s.

    017. Initiation aux écritures anciennes

    018. Les actes en latin

    019. Particularisme flamand

    020. Entraide & Partage : GeneaNet

    021. Entraide & Partage : les forums de discussions

    022. Entraide & Partage : les associations généalogiques traditionnelles

    023. Tables, résumés, relevés,... classés chronologiquement ou par nature d'actes ?

    024. Remontez à la source !

    025. Petite bibliographie : la vie de nos aïeux (contenu évolutif)

    026. Petite bibliographie : les utilitaires

    027. De l'arbre généalogique à l'histoire des familles... (confidence)

    028. "Dans la famille TRUCMUCHE, je voudrais..." Les limites de l'exercice

    029. Ripopée ou Lire, comprendre et interpréter les actes anciens

    030. Localiser un décès au XIXe siècle

    031. Date de décès - âge indiqué = date de naissance... au même lieu ?

    032. Reconstituez les fratries !

    033. Protocole

    034. Passer par les collatéraux

    035. Témoins, parrains & marraines : choisir, être choisi

    036. Savoir "Traire" les NMD et les BMS

    037. Rebondir ou redescendre pour mieux remonter

    038. Un, deux, trois indices, c'est bon !

    039. Des noms à problèmes

    040. "Ma cousine, c'est comme ma soeur !"

    041. Localiser un mariage aux XIXe et XXe siècles

    042. Exploitez les actes notariés

    043. Quand l'acte de mariage n'est plus filiatif...

    044. Serendipité et Maraude

    045. Un mauvais bruit court dans le village...

    046. Des actes de baptême très particuliers

    047. Supposition d'enfant

    048. Abandon d'enfants

    049. Un abandon d'enfant à Valenciennes en 1758

    050. Naissance et baptême de Verdi

    051. Une bâtarde assumée

    052. Une branche bâtarde officialisée

    053. Faire parler les actes : CARPENTIER ou DÉCARPENTRIES ?

    054. "Fils" et "héritier"

    055. "Régulation des naissances" Avortements et infanticides

    056. Une très instructive querelle de succession

    057. Énigmatique Marie MAÎTRECHARLES (Un patronyme inusité)

    058. Stratégies matrimoniales. Le mariage, une bonne affaire ?

    059. Le triste sort des orphelins pauvres

    060. Sexisme ordinaire

    061. Un exemple de "Coutumes, Stils et Usances locales"

    062. "Vred, de nul diocèse"

    063. Le fiancé, sa promise et ses ex

     


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  • Dans l’article précédent, nous avons constaté comment Denis Georges de NEDONCHEL, seigneur désargenté à qui on donnait courtoisement du « baron », avait si bien su faire accepter sa fille bâtarde par sa famille paternelle que les bonnes relations ont perduré au moins jusqu’à la génération suivante. Pourtant Marguerite n’a pas été légitimée, pas même officialisée puisque le notaire, qui a rédigé son contrat de mariage avec Jérôme JOVENEAU, a pris bien soin de ne laisser filtrer aucun lien familial avec le baron, sa veuve et ses enfants légitimes alors que tout dans cet acte trahit leur affectueuse sollicitude. Les NEDONCHEL ont nettement assumé sa prise en charge matérielle : donations, cadeaux, bail de terres et du moulin et… un époux meunier !

    Une autre famille fait fantasmer les généalogistes qui ont des ancêtres dans le Calaisis. Les CALONNE permettent en effet, via les BOURNONVILLE, de remonter aux comtes de Flandres puis à Aliénor d’Aquitaine et ses deux époux et enfin à Charlemagne. Certains généalogistes, jouant sur des homonymies, n’hésitent pas à inventer des remariages pour s’y raccrocher de leur propre autorité. Il faut réaliser que pour de telles familles, les généalogies fausses ou truffées d’erreurs qui circulent sont nettement plus nombreuses que les avérées. Méfiez-vous des contrefaçons !

    Après cette mise en garde, nous examinerons brièvement à travers quelques documents comment a été traitée une branchette incontestablement bâtarde d’un non moins incontestable baron.

    Un aveu et dénombrement en 1619

    Le 04 novembre 1619, Michel de ROUSSÉ, baron d'Alembon, sert un aveu et dénombrement de biens - aussi appelé terrier d’Alembon - au roi. Dans cet épais registre de parchemin, il recense tous ses biens en précisant systématiquement qui occupe la moindre parcelle (Bibliothèque Municipale de Boulogne-sur-Mer Manuscrit 623 F).

    Dès la page 2 verso, « françoise leger V(eu)ve de annibal de Callonne Sr de mont bruncq » est mentionnée. D’autres brèves indications suivront jusqu’à la page 50 recto et verso : « Les heritiers de Charles de Callonne filz et heritier de feu hannibal de Calonne tienne(nt) ung lieu et manoir amazé situé au lieu nommé le hault mont contenant quarante deux mesure de terre ou environ tant a usage de labeur que pasture le tout tenant ensemble tenant d'une liste à treize mesure de terre appartenant à nicolle et Suzanne de Callonnes ses soeurs […] Claude martel et Suzanne de callonne sa femme […] Louis hamie et nicolle de callonne sa femme ». Les noms de ces personnages apparaîtront encore à plusieurs reprises mais sans apporter de notables renseignements.

    De prime abord, il ressort de ce document que la veuve d’Annibal et leurs enfants exploitent les terres du baron d’Alembon. Même sans connaître les anciennes mesures agraires, on comprend qu’ils ne sont pas les plus mal lotis. Françoise citée en priorité, la fratrie bien regroupée et de belles surfaces, tout indique qu’ils bénéficient de la faveur du propriétaire.

     

    052. Une branche bâtarde officialiséeAnnibal de CALONNE, cousin germain de Michel de ROUSSÉ, baron d’Alembon

     

    Cette impression est confirmée par la recherche généalogique. Annibal de CALONNE, seigneur de Mont bruncq, était - selon de ROSNY mais cela reste à discuter... - fils bâtard de Jean (dit Alidore) de CALONNE, chevalier, baron d’Alembon et d’Hermelinghem. Alidore ne laissant pas d’héritier légitime, ses biens et titres passèrent en 1591 à sa sœur, Anne de CALONNE, veuve en premières noces de Jean du PLESSIS puis remariée à Anne de ROUSSÉ. Une source religieuse affirme qu’Anne de CALONNE était protestante et qu’elle abjura à Saint-Omer pour épouser Anne de ROUSSÉ qui était catholique. Leur fils est précisément Michel de ROUSSÉ dont le fils Charles de ROUSSÉ obtiendra en août 1650 des lettres patentes (d'HOZIER*) érigeant Alembon en marquisat. 

    Protections et réseaux de solidarité

    La bâtardise fait incontestablement dégringoler de l’échelle sociale. Ainsi Annibal de CALONNE, comme Marguerite de NEDONCHEL, nés bâtards, n’ont pas été légitimés. Ils n’ont donc aucun droit à la noblesse et leur situation dépend du bon vouloir de leur famille. S’ils ne sont pas rejetés, s’ils savent se faire apprécier, si les relations restent bonnes, les bâtards peuvent bénéficier d’une réelle protection qui peut s’étendre à leurs enfants. De son côté, l’héritier du titre préfère se concilier ses apparentés bâtards et leur faire confiance pour exploiter au mieux ses propriétés et défendre leurs intérêts communs. Dans le meilleur des cas, ils vivront comme des rentiers en recourant à des métayers pour effectuer le travail.

    Tout se passe alors pour eux comme s’ils appartenaient à une famille ambitieuse qui se serait organisée pour offrir de coûteuses études à un de ses membres doté de réelles dispositions. Mais il s’agit d’un investissement dont elle attend le retour. Une fois parvenu à une situation confortable et surtout à un certain niveau de pouvoir, celui qui a bénéficié de la solidarité familiale a l’obligation de créer un réseau pour favoriser ses proches en les plaçant à des postes avantageux ou de confiance. Ainsi, tout comme les laïcs, les religieux, de l’abbé au curé, attribuent ou font attribuer une cense à leur frère, un emploi de secrétaire à un neveu et aux multiples cousins la responsabilité de garder l’abbaye, les bois et les champs,… Les filles ne seront pas en reste : elles épouseront les meilleurs censiers, les meuniers,…

    À l’opposé, une branche cadette de la petite noblesse, elle-même issue d’un lignage plus prestigieux, s’appauvrit, subit des revers de fortune sans parvenir à les surmonter : deuils précoces et tutelles catastrophiques provoqueront la chute d’une lignée. La dilapidation est particulièrement redoutée mais la famille peut obtenir une lettre de cachet pour faire emprisonner un fils prodigue qui mettrait en péril le sort de sa famille. Un pater familias se résignera à « vendre » la plus attirante de ses filles à un riche – et souvent vieux – bourgeois dont la fortune apportera un peu de répit : mariage du prestige et de l’argent… Une partie de la descendance s’appauvrira à son tour et le mécanisme se reproduira pour redescendre un peu plus l’échelle sociale… En quelques générations, il ne restera guère de traces d’un passé flatteur. Pour le retrouver, cherchez la femme !

    Les hommes nobles impécunieux rechercheront aussi une riche fille de bourgeois à épouser pour éviter de devoir se livrer à une activité professionnelle qui pourrait être fort lucrative mais qui les ferait déroger (leur ferait perdre leur noblesse), ce dont ils ne veulent à aucun prix.

    Une dispense de consanguinité

    Une confirmation des origines de Nicole et Suzanne de CALONNE est apportée par une dispense de consanguinité au quatrième degré du 16 septembre 1722 accordée à Pierre MOUCHON et à Marie CHOQUEL par Mgr l’Évêque de Boulogne.

     

    052. Une branche bâtarde officialisée

     

     

    Un procès pour usurpation de titre

    Cornille de MASSIET avait épousé Béatrix de CALONNE dont le bisaïeul n’était autre qu’Enguerrand de BOURNONVILLE auquel l’historien Bertrand SCHNERB*** a consacré tout un ouvrage, « Enguerrand de Bournonville et les siens », vérifiant minutieusement sa généalogie.

    Cette branche s’était alliée à de nombreuses familles indiscutablement nobles avant de s’éteindre faute de postérité masculine. Cette situation n’a pas échappé à des roturiers d’Hazebroucq du nom de MASSIET et fort aisés qui ont saisi l’occasion d’usurper de titres « tombés en quenouille ». Ils se sont adressés à quelque officine qui délivrait complaisamment des faux à prix d’or, ont affiché insolemment de fort belles armes et réclamé impudemment des privilèges,…

    Cette nouvelle situation n’a pas échappé non plus aux familles alliées aux authentiques de MASSIET. Elles se sont pourvues en justice, exhibant une enquête sur les imposteurs résumée plaisamment par une savoureuse « preuves de filiation roturière de la famille de Massiet de la paroisse d’Hasebroucq » assortie de leurs propres généalogies aux fins de comparaison (AD59 E 2485/30 & 42).

     

    052. Une branche bâtarde officialisée

     

    La justice a condamné les usurpateurs, leur enjoignant de supprimer toutes traces de forfaiture, de marteler leurs armes partout où elles figuraient,... Pourtant quelques pièces fausses circulent encore et au moins un généalogiste réputé qui ne pouvait ignorer ce jugement n’en a tenu aucun compte dans ses publications… mais cela l’aurait personnellement arrangé… Même le fils d’HOZIER aurait rêvé de se faire anoblir.

    Ce procès qui oppose des familles d’authentique noblesse, dont les de CROŸ, aux imposteurs de MASSIET abonde en preuves qui reposent – faut-il le rappeler ? – non pas sur des actes paroissiaux ou notariés faciles à falsifier ou à inventer mais sur la possession ancestrale de fiefs, sur des charges ou privilèges accordés par le souverain qui en gardait trace dans ses archives. Les vicissitudes des temps obligeaient parfois à remettre de l’ordre dans des titres aux origines douteuses. Certaines familles n’y ont pas résisté mais les BOURNONVILLE et les CALONNE ont franchi ces épreuves avec succès.

    Négligences…

    Autrefois, la préoccupation majeure était la possession et la transmission des biens et des terres. Il était essentiel d’en prouver la provenance via la filiation des individus ou les diverses formes de cessions à travers les reliefs de fiefs parfois très modestes et les terriers. Nobles ou manants, il est des individus qui mettent leurs héritiers dans l’embarras, ce que de CALONNE lui-même explique amèrement à son correspondant :

    « Permettez que je profite, Monsieur, des offres obligeants que vousavez bien voulu me faire au Sujet des pieces qui regardent ma maison et dont vous m’avés donné des nottes ; j’en ai fait part a mon frere Le ch(evalie)r De Calonne, qui les a trouvées necessaires pour faire des appuis aux pieces qu’il a par devers lui et comme celles que jay L’honneur de vous demander, doivent être dans la meilleur forme, je vous Seray bien obligé d’en faire faire des vidimus par devant notaires a St omer, voicy celles qui me Sont necessaire.

    1° Le rapport Servit Le 14 mars 1401 par Baudouin De Calonne a florent de Lisques pour des terres Scituées a Campagne

    2° La Saisine donné par Les officiers de Gilles de Lisques pour Sa terre du Berg en Campagne Le 12. Xbre 1448 a florent De Calonne S(ei)g(neu)r De Bouvelinghem et De Courtebourne d’un certain fief tenu dudit Berck en Campagne acquit Ledit Sr De Calonne par contract du 7. Juin de Laditte année 1448

    3° Saisine donné par Les officiers De Courtebourne par noble homme florent De Calonne Sgr De Bouvelinghem et De Courtebourne d’un fief nommé yvergny tenu du dit Courtebourne a Baudechon ou Baudrain De Calonne fils mineur d’an dudit Sgr en datte du 16. Janvier 1448.

    4° Je voudrais avoir La filiation depuis Baudechon De Calonne dont le père se nommoit florent De Calonne et La mere Beatrix De Bournonville jusqu'à Son Extinction dans la maison De Massiet avec Les pieces Justificatives

    5° une copie de la Genealogie manuscrite commenceant par Baudouin De Calonne mary De chretienne de Paillart jusqu'à Vous et Nous telle que vous me l’avez fait voir

    6° Je voudrais que Mons(ieu)r Le C(om)te De Beauffort pu Se rappeller ou il a lû que la terre De Courtebourne est entrée dans la maison par chretienne De Paillart, cette Epoque m’etant inconnu et tout Les genealogistes etant d’accord que cette terre etoit dans la maison dès L’an 1380. Laditte chretienne * etoit Dame de Lodbarne et d Rapairie De Recq pres Tournehem elle etoit fille de jean De Paillard Escuyer et de marie De Recq

    dans ma decharge de noblesse il y a un article qui dit, Copie d’une procuration du 30. aoust 1516 donnée par noble et puissant Sgr flour De Calonne, Sgr De Courtebourne, De Bouvelinghem et D’Alembon et M(onsieu)r Antoine De Calonne, Son fils ainé a philippes De Tilly escuier cap(itai)ne du château d’humieres pour vendre la terre de quatrevaux passée pardevant Robert d’Arthe et Jean Cossart, notaires a St omer, avec la vente en consequence pardevant Les hommes de fief de hesdin, collationné a L’original

    Le 27. 7bre 1700. Signé dupuis et De la Bye, legalisé et Scellé : ces pieces ont êté produites dans ma decharge de noblesse, et ne Scait cependant ou mettre La main pour les recouvrir, comme La ditte terre de quatrevaux est actuellement possedé par Mr De hauteclocque qui est de votre Connoissance, il Seroit interessant de Scavoir Si dans Le contract de vente ou autres pieces qui lui en donne La possession, il ne Seroit point fait mention de claude de humieres femme du dit flour De Calonne Lequel etoit le vendeur et qui tenoit je crois cette terre, Du chef de Sa femme

    Je Sais Monsieur, L’etendüe des peines que je vais vous donner, mais votre facon de penser me rassure, persuadez que vous voudrez bien les Surmonter et rendre un Service aussy essentiel a quelqu’un qui a L’honneur de vous appartenir et dont les autheurs ont eté trop indifferents Sur la conservation De leurs papiers, je ne Scaurois assez vous exprimer combien je Suis flatté que cette circonstance m’ait procuré L’avantage de faire votre connoissance et ma cour a Madame la comtesse de Beaufort a qui je presente mon hommage respectueux, recevez L’un et L’autre mil compliments des Dames de cette maison et Les assurances particulieres du Sincere attachement avec Lequel jay L’honneur D’etre Monsieur 

    Votre tres humble et tres obeissant Serviteur

    de Calonne

    comme je n’ai pu vous donner Les noms De Baptême des Enfants de mon beau père pour mettre Dans La genealogie manuscritte, je les joins icy (m ?)on beau frere (Le mis ??) De Courtebourne Se nomme auguste Louis joseph : ma femme, marie Louise joseph : mlle De Courtebourne, charlotte Guillaine.

    a Calais Le 18 7bre 1765

    Je vous serai tres obligé de me faire part de vos deboursés. Si par hazard il vous Tomboit quelque chose entre Les mains de relatives a ma famille, je Vous Seray tres obligé de m’en faire part, cherchant de tous coté»

    Nous comprenons mieux nos difficultés, notre incapacité à reconstituer des filiations qui ne sont peut-être pas parvenues jusqu’à nous !

    Assumés, officialisés mais rarement légitimés 

    Même si certaines filiations comportent encore quelques obscurités à nos yeux (homonymies, épouses parfois mal connues et négligence des nobles eux-mêmes) tant les auteurs se contredisent, il est incontestable que la noblesse d'un Charles de CALONNE a été certifiée par d’HOZIER puisqu’il obtiendra le marquisat en 1650, qu'à la fin du XVIIIe siècle, les juges qui ne prenaient pas ces affaires à la légère, ont donné raison aux plaignants 

    Par ailleurs, la filiation de Charles, Suzanne et Nicole de CALONNE, enfants d'Hannibal, seigneur de Montbruncq mais incontestablement bâtard, est prouvée par plusieurs documents, alors l’aveu et dénombrement servi en 1619 montre comment la noblesse traitait ses rejetons illégitimes.

    Assumés, officialisés comme ici les CALONNE, les bâtards de la noblesse étaient des parents pauvres asservis aux intérêts de leur famille et d’autant plus favorisés que leur auteur était riche et puissant mais ils n’étaient que rarement légitimés pour qu’ils ne puissent entrer dans la succession. C’est pourquoi les généalogies nobles produites en justice pour justifier ou défendre leurs droits n’ont pas à mentionner les bâtards qui en sont dépourvus. Pour les raccorder, il faut passer par divers actes : actes notariés pour Marguerite de NEDONCHEL, dispense de consanguinité, aveu et dénombrement de biens...

    Si toutefois ils ont été légitimés, il faudra rechercher les lettres de légitimation (de même que pour les lettres d’anoblissement et de naturalité). À noter que même reconnus, leurs armoiries portaient la barre de bâtardise et que jusqu’à une époque récente, un homme adultère ne pouvait reconnaître son enfant illégitime, lui donner son nom et le faire entrer dans le partage de ses biens. Le cas le plus connu est celui de Mazarine [...].

    Des indices ?

    Les nobles se distinguaient par des moeurs, coutumes et habitudes qui leur sont propres mais si elles se retrouvent chez des familles du peuple, cela peut révèler un passage de la noblesse au tiers état.

    La propension à user et à abuser des dispenses de consanguinité doit évoquer l’éventualité d’une flatteuse ascendance. On remarquera que les impétrants connaissaient si bien « le moyen d’y parvenir » que le curé ne leur posait même pas la question.

    Un cérémonial funèbre inhabituel doit aussi attirer l’attention. L’inhumation peut avoir lieu dans une paroisse autre que celle du décès et avoir lieu plus tardivement.

    Noter la marque en guise de signature de Michel HAMY, fils de Nicole de CALONNE, qui évoque quatre tours angulaires d’une fortification. Elle n’est pas rare chez des censiers du XVIIe siècle. Parfois très soignée, voire à deux lignes rigoureusement parallèles, elle témoigne d’une réelle dextérité, d’une maîtrise de la plume et de l’encrier qui donnent à penser que son auteur savait lire et écrire. Un indice ?

     

    052. Une branche bâtarde officialisée

    052. Une branche bâtarde officialisée

    Dispense du 4ème degré de consanguinité des 05 et 09 juillet 1705

    pour François COCQUEREL x Anne DUHAUTOY

    « marcq de michel amil (âgé de 70 ans environ) qui a declaré ne scavoir ecrire »

    1 G 794 (G 160) pièces 15 et 16 aux Archives départementales du Pas-de-Calais

    Relativiser

    « Il faut avoir une distance ludique avec ses appartenances,

    sinon on se condamne au sérieux »

    Daryush SHAYEGAN 

    052. Une branche bâtarde officialisée

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    Aveu et dénombrement de 1619 visible sur GenNPdC (acte en galerie)

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php?autocom=gallery&req=user&user=2&op=view_album&album=174

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php?autocom=gallery&req=si&img=21781

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php?autocom=gallery&req=si&img=21888

     

    * Généalogistes du roi, les d’HOZIER père et fils ont été chargés de certifier la noblesse pour mettre fin aux abus. Leurs travaux font autorité.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_d%27Hozier

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_d%27Hozier_%281640-1732%29

     

    ** Dispense MOUCHON x CHOQUEL de 1722 visible sur GenNPdC (acte en galerie)

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29823

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29824

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29825

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29826

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29827

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29828

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29829

    http://www.gennpdc.net/lesforums/index.php...i&img=29830

     

    *** SCHNERB Bertrand « Enguerrand de Bournonville et les siens Un lignage noble du Boulonnais aux XIV et XV siècles » Presses de l’université de Paris Sorbonne.

    052. Une branche bâtarde officialisée

     

    Pour ceux qui se trouveraient des ascendances flatteuses, un opuscule les mettra en garde contre les faussaires qui polluent tant de généalogies et les alertera sur la valeur des sources consultées :

    052. Une branche bâtarde officialisée

    http://www.votre-genealogie.fr/leblog/impostures-heraldiques-au-xviieme-siecle-par-dominique-delgrange

     

     


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