• De l'utilité des règles protocolaires

    Quand l’acte de mariage n’est pas filiatif et qu’un contrat de mariage ne semble pas avoir été passé ou a disparu ou est avare de renseignements, il reste à étudier l’entourage du couple, à commencer par trier et situer les proches de l’un et ceux de l’autre.

    Les fondamentaux

    En principe, le mariage a lieu dans la paroisse de la fiancée qui n'est pas forcément celle où elle est née. Ce peut être celle où elle a vécu après la mort de ses parents, celle où elle vivait avec un précédent époux ou celle où elle travaillait généralement comme servante...

    Nos aïeux étaient très attachés à l’ordre protocolaire qui plaçait chacun suivant son rang dans la famille. Cet ordre subsiste encore de nos jours quand la famille, soigneusement alignée, reçoit soit les condoléances soit les félicitations et vœux de bonheur aux mariés.

    Il faut se souvenir aussi qu’ils pratiquaient la ségrégation sexuelle. À l’église, les hommes étaient d’un côté, les femmes de l’autre, le cortège nuptial, à la composition soignée, rangeait tous les hommes du même côté, leurs cavalières à leurs bras.

    Les hommes ont la préséance (priorité) sur les femmes.

    Les hommes se placent par ordre de naissance (droit d’aînesse), les femmes également.

    En conséquence, les frères par ordre de naissance ont la priorité sur leurs beaux-frères et sœurs.

    Toute règle comportant des exceptions, des situations particulières peuvent bousculer ce bel ordonnancement : un fils aîné estropié (handicapé mental) à la naissance ne peut remplir le rôle de chef de famille, l'aïeul grabataire non plus et encore moins le grand frère en délicatesse avec la justice après une rixe qui a mal tourné sont "excusés".

    La combinaison de ces facteurs détermine l’ordre dans lequel sont nommées les personnes qui « assistent et accompagnent » les futurs époux qui passent leur traité ou contrat de mariage. Il est très instructif d’étudier soigneusement ceux qui mentionnent un grand nombre de personnes.

    Il faut remarquer que le contrat de mariage est un acte à caractère fortement privé, engageant deux familles qui discutent de leurs intérêts matériels et de la transmission de leurs biens en présence de ceux qui ont à connaître les décisions prises ; héritiers si le couple meurt prématurément sans héritier ou « tuteur à la personne et curateur aux biens » s’il laissera des enfants mineurs.

    La bénédiction nuptiale est, outre un sacrement religieux, une manifestation publique, suivie – avec impatience – d’une fête qui réunit l’environnement familial et social des deux familles et plus particulièrement celle de la mariée, organisatrice de la noce. Les amis du couple et tous ceux qui ont joué un rôle dans la formation du jeune couple sont invités. On prémédite aussi de futurs mariages…

    L’ordonnancement se retrouve en principe dans la disposition des signatures et marques au bas du contrat de mariage et de l’acte de mariage à l’issue de la bénédiction nuptiale.

    Il se manifeste publiquement dans la composition du cortège nuptial, tel qu’il se présente à la sortie de l’église, symbole officiel de l’union réalisée entre les deux familles. Le jeune couple est suivi du père du marié accompagné de la mère de la mariée puis du père de la mariée avec la mère du marié, &c…

    Il explique aussi pour une bonne part le futur choix des parrains et marraines successifs.

     

    Le travail consistera donc à examiner méthodiquement ces actes.

     

    1. Repérer parmi les témoins au contrat de mariage et au mariage celui qui semble être

                   le père

                   ou un grand-père,

                   un oncle,

                   un frère aîné

                   ou un cousin en tant que principal témoin « servant de père » au mariant.

    En cas d’absence de témoin porteur du patrimoine du marié, songer aux « rattachés » :

                   second mari de la mère (souvent présente dans ce cas),

                   bel oncle du côté paternel,

                   ou oncle maternel,

                   beaux frères.

    Effectuer le même travail pour la mariante.

    1er indice : le mari et ses témoins signent plutôt à gauche, la mariée et les siens à droite

    2ème indice : l’assistance signe dans l’ordre protocolaire 

                   le marié, en dessous son père ou celui qui en tient lieu,

                   les oncles, les frères par ordre de naissance

                   puis les cousins et le grand-père le cas échéant (place moins bien définie).

    Les amis, communs ou non du couple, signent en dernier, vers le milieu.

     

    2. On passe ensuite au premier baptême

    Traditionnellement, les différents parrains et marraines sont sélectionnés en se basant sur le modèle du cortège nuptial tel qu’il se présentait à la sortie de l’église.

    Le père du père est parrain, sa commère est la mère de la mère.

    Second baptême : le parrain est le père de la mère, la marraine est la mère du père.

    Etc

    Voir s’il se dégage une concordance d’indices suffisamment nombreux.

    En pratique, les écarts à la règle ne sont pas rares. Il faut tenir compte des des places vacantes en raison des décès et de l’éloignement géographique ou des déplacements des frères et sœurs aînés déjà mariés. Des notables ou relations professionnelles peuvent s’intercaler. Les remariages, surtout ceux des femmes, brouillent la lisibilité de l’ordonnancement. Le cas le plus difficile est celui de l’orphelin enfant unique qui vit dans l’une de ses familles parentales et n’a plus beaucoup de contacts avec l’autre ou qui opte délibérément pour sa belle-famille.

     

    3. Sans oublier les décès

    Petit détail qui a son importance pour les généalogistes, notre moderne déclaration de décès diffère sensiblement de l’ancien acte de sépulture.

    La première, précédée du constat de décès avec permis d’inhumer, a lieu avant la cérémonie religieuse... ou civile. Cette démarche peut être effectuée par des tiers : amis ou voisins soucieux de soulager la proche famille des corvées et tracasseries. Ce peut aussi être un employé d’un hôpital ou d’une maison de retraite, plus rarement d'un établissement pénitencier, un appariteur voire un garde champêtre ou le cabaretier qui se chargeront en outre d’informer le secteur moyennant une gratification. Le problème est que cette pratique engendre fréquemment des erreurs plus ou moins graves. La famille peut rester totalement à l’écart jusqu’aux obsèques qu’elle organise elle-même et n’apparaître au grand complet que si une cérémonie religieuse a eu lieu. En cas de mort violente ou seulement suspecte, le permis d’inhumer peut tarder… Sauf en cas de « brouille à mort », il convient de céder à la pression d’un proche et de venir rendre les derniers hommages au défunt.

    En cas de blocage au XIXe siècle, l’acte religieux est donc intéressant à consulter si toutefois, il est accessible… À noter que le lieu d’inhumation peut ne pas être celui du décès et que le rapatriement du corps peut être tardif, le défunt occupant une tombe provisoire en attendant qu’un caveau de famille soit réalisé.

    Sous l’Ancien Régime, la famille est constamment présente. Le curé, dont personne ne songerait à contester l’autorité, a coutume de procéder à l’inhumation le lendemain, parfois le jour même à la demande du bailli en cas de corruption du corps, rarement le surlendemain, ce qui laisse peu de temps à la famille de se réunir. En principe, c’est le fils aîné, accompagné de son cadet, qui mène le deuil mais là encore, les configurations familiales sont variées, les exceptions nombreuses et c’est souvent le fils ou le gendre qui hébergeait le défunt qui signe l’acte de sépulture rédigé seulement à l’issue de l’inhumation.

     

    Rappelons enfin que lorsqu’on parcourt les actes les plus anciens d’une paroisse, il est judicieux de relever systématiquement les décès des vieillards. Il s’en trouve généralement un ou plusieurs qui, après examen, s’avéreront être un(e) aïeul(e) ou un(e) collatéral(e).

     

    033. Protocole

    Les trois âges de la vie et la mort. Baldung, Hans (v. 1484-1545)

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    > 034. Passer par les collatéraux


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